Mai/ Juin 2006

NOUVELLES DU FRONT   : Merci à tous ceux qui sont venus nous voir en concert (et qui ont acheté notre Cd).Concerts qui se sont globalement bien passé à part les ordinaires impondérables (« disparition » du simulateur d’ampli de Matthieu au Biplan, peu de monde à la Ferme de Jean et à la ferme Decaestecker, les Bordées annulées, report du concert au Câteau ...)

Le début de l’enregistrement des nouveaux titres dans notre Home Studio « la cave » vont bientôt commencer ! Pour l'instant, Comme au siècle dernier, nous maquettons 10 nouveaux titres sur cassette audio !

Pas de dates précises de concerts pour la rentrée, il va falloir reprendre le bâton de pèlerin...solliciter les organisateurs. Donc pas le temps de s’ennuyer... toujours du pain sur la planche.....
En attendant bonne vacances ! (pas de « journal de bord » en juillet/août )

DISQUES:
Patrick Eudeline
"Mauvaise étoile"Eudeline reste toujours fidèle a ses obsessions "cabaret-blues, gothique-garage"déglingué cette fois ci nettement moins pesantes que dans le précédent opus de 1995 avec Myriam. Les textes réalistes naviguent entre autobiographie et nostalgie, on y retrouve le somptueux " Sunday Marine " dédié aux villes du Nord, les amours désabusés aux choeurs joyeux sur « Agneau glacé  » et « Comme disait l’ami Johnny Rotten  » (en duo avec Daniel Darc) ,le temps qui passe « Je n’en plus pour très longtemps »... une interprétation aux arrangements parfaitement décalés de « Un jour mon prince viendra »...
Le chant psalmodié reste sur le fil du rasoir entre fulgurance géniale et déraillements pas toujours contrôlés (qui peuvent mette mal à l’aise l’auditeur peu averti !).La production pointue, chaleureuse est entièrement dédiée aux fantômes des sixties période Phil Spector : reverbs vintage, choeurs féminins acidulés , rythmes ternaires et chaloupés. La part belle est faites aux claviers et à l’orgue Hammond presque omniprésent . Sur cet album Eudeline s’est entouré d’un groupe rêvé tout au service de ses phantasmes  de Rimbaud électrique écorché vif  :Christophe Van Huffel et Didier Perrin de Tanger, ainsi que Michael Garçon et Hervé Bouetard, d'AS Dragon. Les 11 titres sont produits par lui même avec l’aide d’Yves Calvez , ancien Coronados. Eudeline s’est condamné à perpète à briser les branches de sa « Mauvaise étoile » ! Dans la mythologie rock and rollienne, c’est sans doutes la seule façon de vieillir avec dignité, devenir ce genre de bluesman pour bastringue de Pigalle ! Le pari semble gagné !

-Manset "Obok"
C’est toujours un plaisir précieux de retrouver Manset, pierre angulaire de la chanson française, mais qui aime bien châtie bien : sur certains textes de Obok le voyageur Manset est devenu un chroniqueur social où le préchi-précha moraliste , les descriptions misérabilistes un rien larmoyantes et à l’humanisme forcené, peuvent agacer par trop de sérieux comme dans « fauvette »« Enfants soldats  » .. Je préfère le Manset poétique, personnel et dégagée comme dans  «  Jardin des Délices  »,  « veux-tu ?  » ou «  la voie royale  »... Dans cet esprit l’album précédent « le langage oublié » était plus habité et plus touchant . Musicalement la palette sonore est nettement plus spartiate , enregistré en parti en « live », les musiciens mélangeant leurs sueurs, l’ensemble largement épuré gagne en cohérence ; le fil conducteur étant un saxophone échappé de « dark side of the moon », quelques fulgurances guitaristiques dans « Obok  » et « chaînes  » pianistiques dans « Veux-tu  » et « ne les réveillez pas  » ...Du bon Manset que les aficionados comme moi écouterons les yeux fermés !
Rumeur extraordinaire après plus de 30 années de carrière le shaman jésuite envisagerait de faire de la scène ? Info ou intox ?

Dominique A. « L’horizon » Comme Manset Dominique A depuis ses débuts en 1992 avec « la fossette » reste un précurseur et creuse son propre sillon de bien loin de cette nouvelle chanson française (à quelques exceptions prêts !) de plus en plus clinquante et creuse! Complètement décomplexé « l’horizon » se distingue par sa matrice folk rock affranchie et son lyrisme maîtrisé comme cette voix grave et chuchotée dans « Music hall ». Dominique A a trouvé sa « petite musique » pour décrire ses « road movies » narratifs et mélancoliques. Les parties chantées alternent avec des orchestrations à la fois inventives, sobres et précieuses qui font la part belle aux cuivres comme " Dans Un Camion"," Retour au Quartier" et " La Relève". et au piano : «  Antaimoro » ou « adieu alma ». .On retrouve sur cet album ses fidèles complices Olivier Mellano à la guitare, Sacha Toorop à la batterie et Daniel Paboeuf au sax et Dominique Brusson (déjà responsable de l’accouchement de « Remué ») pour une production au cordeau. Dominique A défriche serein de nouveaux horizons. Un grand album qui s’immisce à pas de mouche et imprime dans votre ouï et dans votre champ de vision imaginaire des paysages d’une éblouissante candeur !on en sort et apaisé !

-Zoé, "Make it burning": Si Zoé n’a pas inventé la poudre, une chose est sure, Zoé en artificier aguerri sait y mettre le feu... Sur ce Cd à la pochette percutante entre caresse sur la joue et poing dans la gueule ,se succèdent 11 titres de pure rock and roll: vocaux anglophones rageurs et collectifs, riffs jouissifs « bad vibration »,Think today »... soli efficaces, breaks en dérapage contrôlé, guitares qui se répondent et se chevauchent pour un combat épique ... le message est simple : du plaisir, de l’énergie, des références et une attitude, des sourires et de la sueur...Zoé comme une synthèse réussi entre le heavy des années 70, l’urgence du punk, la tension et la puissance du rock stoner . On pense à Motorhead, aux Ramones, au MC5 ,ACDC, aux Queen of the stone Age, à Nasville Pussy, aux groupes suédois et consorts... Un authentique et généreux gang qui lance avec « make it burning  » un manifeste-brûlot à tous les amants du rock!

Interfaith "Interfaith" Retour magistral mais discret de Jean robert Jovenet, chanteur du groupe culte des années 80 : Extraballe. Exilé en Irlande depuis 1995 et bientçot de reour à Paris,il sévit désormais sous le nom d’ Interfaith, fruit vénéneux de sa collaboration avec le batteur Fuzz Townshend (Pop Will Eat Itself, Bentley Rythm Ace). Dans Interfaith, le «  most forgotten french boy »pousse jusqu’à la rupture ses fantasmes de jeunesse avec sa voix rappelant Iggy Pop et Bowie pour une musique aux fondamentaux inspirées par des groupes eighties Comme Bauhaus, Psychedelic Furs... Après une version en 2004 dans la langue de Shakespeare, voici la version en français dans le texte avec un autre mixage. Ces dix titres naviguent entre beats jungle, trip psychédélique convulsif et fulgurances rock et groovy qui explorent de vastes territoires soniques encore vierges à l’aube de ce troisième millénaire. C’est avec délice que l’on retrouve la voix acide, grave et envoûtante de Jovenet qui porte des textes splendides aux images toujours aussi magiques et signifiantes. Des titres qui intriguent : « La cire du vertige », « l’or liquide » , « l’homme le plus secret du monde », « Des six et des neufs », « Alice en fourrure »... qui plantent sans ambages le décors d’ Interfaith. Un disque lumineux, personnel et à la préciosité unique qui ne laisse pas indifférent , un peu comme un Death in Vegas francophone. Le retour d’un mythe bien vivant toujours en équilibre sur la nouvelle frontière. Juste là, suivez l’asphalte, comme une « étoile à la blancheur de lys qui brille au loin !».

Cat power , " The Greatest"(bientôt)

CONCERTS :
Thiéfaine (Kursaal) : je connaissais très peu Hubert Félix Thiéfaine sans doutes victime de mes préjugés ( musique de bab !) pourtant la longévité artistique et le parcours underground du personnage, ses textes singuliers proches de l’écriture automatiques ...ne pouvaient qu’exciter ma curiosité. Iil était de passage à Dunkerque et entraîné pas des amis ,je n’avait plus d ‘excuses pour le rater ! Artistiquement ,rien à reprocher à Thiéfaine , un spectacle assez rock, tout en tension bourrue , entouré des musiciens du moment (Yann Péchin à la guitare ,déjà vu chez Miossec et Bashung..), un bel univers décalé et personnel et un show rondement mené qui fait la part belle au dernier album « Scandale mélancolique »...L’artiste sait tenir une scène !
Las dans un Kursall aussi accueillant que les bureaux du soviét. Suprême sous Staline, le public assez modeste (4 à 500 personnes !) fut étrangement calme, saufs quelques vieux fans qui semblent avoir mal vieillis ,cris intempestifs, blagues à deux balles... ajoutant à l’ambiance déjà placide un bien dispensable touche de beaufitude ! Etrange concert...

Katerine (Aéronef).Plein comme un oeuf l’aéronef accueillait le cirque freak de Philippe Katerine C’est à dire les Ex little Rabbits(désormais « La secte machine » sans Federico Pellegrini remplacé à la guitare par Philippe Evenou!) en backing band et lui même électron libre et désinhibé genre Gotainer sous hélium  ! passons rapidement sur la prestation mollasonne de Prototypes (yéyé punk franchouillard !) et sa chanteuse au charisme proche de celui de Daniel Gilbert !!!
Dés l’arrivé de la troupe sur scène, le délire commence, le public chauffé à blanc répond au quart de tour à toutes les élucubrations vocales et gestuelles de Katerine. Tout l’album concept « Robot après tout ! » y passe avec ses tubes imparables : « Luxor », « 100% VIP », « Marine Lepen »... viennent s’y mêler quelques extrait de « 8 ème ciel » tel que « barbecue à l’Elysée »... et l’incontournable « je vous emmerde ! »...
Musicalement les adaptations rock des titres disco kitch de « Robot... » dépotent argneuses et sans concessions ! Après une fin de concert et des rappels un rien erratiques (Katerine en provocateur patenté n‘est pas là pour caresser le public dans le sens du poil !) c’est évidemment en sous-pull roses moulants, slips en coton ,talons aiguilles et perruques blanches qu’ils reviennent porter la dernière estocade pour « regarder danser les gens... » qui ensuite s’enfuiront dans la nuit le sourire aux lèvres ravis de cette franche déconnade Borderline et joliment barrée!

LIVRES:
-"Please kill Me" l’histoire non censuré du punk racontée par ses acteurs »Legs Mcneil § Gillian Mccain (Editions ALLIA ).
La genèse version grandeur et décadence vue des coulisses , du trottoir et du caniveau et même de la morgue du punk rock New-yorkais parfois en transit Londonien !
Quelques mots clefs : rejet des utopies moribondes de la génération beatnik ,ennui mortel et misère sociale, explosion artistique et délinquance juvénile, sexe débridé et polymorphe et des tombereaux de drogues et d’alcools sous toutes leurs formes... Le creuset de toutes les mythologies du cirque rock§rollesque.
Le tout sous la forme d’interviews croisés des témoins directs : musiciens, roads, managers, dealers, groupies, journalistes, artistes...
C’est sur la litanie souvent pathétique et glauque donnent le tournis , beaucoup de morts et d’illusions perdus en route? Qui à dit que le « rock ! roll était la dernière aventure du monde civilisé » ? Please Kill Me en est la parfaite démonstration !
Des Noms : Velvet underground, Stooges, MC5, dead Boys, Ramones , Television, Blondie, Suicide, sex pistols, Patti smith, New York Dolls, Heartbreakers et consorts. Historique et stupéfiant!!!!!!!!!!!!!!

-Georges Hyvernaud « la peau et les os » (Editions Le Dilletante ) Mobilisé et pris dans les affres de la débâcle de 1940, Georges Hyvernaud connaît la violence de la défaite et partage le sort des centaines de milliers de prisonniers qui sous les coups et les hurlements se traînent vers les stalags de Poméranie (Pologne). Pour supporter sa captivité il rédige le récit et les réflexions que lui inspirent cet exil forcé. Dans un style simple et direct, la « peu et les os » fait l’aller-retour entre la vie « normale » retrouvée en 1945 et les sombres années de captivité. Publié en 1949 dans un contexte de « Résistancialisme » forcené son ouvrage passe inaperçu .Rares sont ceux qui sont prêts à écouter cette réflexion existentielle qui réduit tour à tour la condition humaine à une crasseuse promiscuité animale et à la lâcheté quotidienne d’une survie physiologique sans aucune gloire ! avant de la confronter à l’incompréhension d’un France libérée qui refuse d’entendre l’indicible .
Un genre de Céline sans haine, furie coléreuse, fièvre misanthropique, délire paranoïaque et fulgurances stylistiques ... l’homme tel qu’il est ! terrible et nu confronté à des événements qui l’écrase et qui sont disséqués sans faux semblants ni pathos excessif . Hyvernaud est quelqu 'un qui malgré le doute et l’épreuve aimait profondément la vie. L'héroïsme de pacotille à posteriori le gênait ! Redécouvert à sa mort en 1983 grâce à la publication de ses oeuvres complètes ses récits connaissent désormais un engouement mérité : lectures publiques, mise en musique de ses textes notamment par Serge Teyssot Gay (Noir Désir !) avec l'album "On croit qu'on en est sorti" (Cd Barclay 2000).

-Howard Phillips Lovecraft est sans doute l'auteur fantastique qui aura le plus marqué le XX e siècle. En parti grâce au célèbre "Nécronomicon" livre maudit totalement inventé et supposé contenir de multiples formules capables d’invoquer une pléthore de démons mettant au goût du jour toute une mythologie démoniaque et complexe ou les hommes sont irrémédiablement les victimes martyrisées et expiatoires . Cet ouvrage ,avec des bonheurs variés, a fait et fait encore les beaux jours du cinéma fantastique et d’horreur.
Le génie de Lovecraft réside ,entre autres, dans le fait que les créatures bannies et les entités monstrueuses décrites ou plutôt suggérées ne sont là que pour exacerber la palette insondable des angoisses humaines aux limites de l’imagination. La science fiction est pour lui « la seule position réaliste que peut prendre l’homme face à l’univers ! ».Dans ses nouvelles les peurs viennent de notre propre imagination, de nos propres phobies !Qu’il entretient et amplifie ...
Faisant parti des « Grands textes » de HP Lovecraft , « La couleurs tombée du ciel » présente quatre nouvelles qui illustrent parfaitement ses théories. L’histoire éponyme raconte les effets morbides et terrifiants pour la nature et pour les hommes ,de la chute d’une étrange météorite...dans « celui qui chuchotait dans les ténèbres » une invasion extraterrestre terrifie un pauvre individu, terré dans sa maison qui rompt sans explications sa correspondance...

Intéressante biographie de Michel Houellebecq (avec une introduction de Stephen King !) « H.P. LOVECRAFT : contre la mort contre la vie » ou l’élève avec sa propre vision, rend hommage au maître du macabre !


Retour