Paroles

Cherche le lézard  

L’amour se brise sur la banquise ,

J’veux pas finir au frigidaire

En glaçon poli et coupant

crevant les coeurs par accident .

mais qui tue qui à bout portant

des tulipes rouges en flaques de sang,

par dépit finissent en bouquets

toujours trop tôt , trop vite fanés !

Cherche le lézard entre les pierres ,

Sans peur de traverser l’désert .

Je perd le Sud sur ma boussole

Rien qu’une aiguille qui s’affole .

Et sur la pente pousse le rocher

La route est longue jusqu’au sommet,

Condamné à recommencer

Les pieds les mains stigmatisés.

Cherche le lézard entre les pierres

Vers de terre au fond de ma bière,

L’alcool me grise, je me sens con !

Comme un glaçon sur la banquise .

Je me demande bien où tu es ,

A qui tes rires sont destinés ?

L’amour courtois à ses vertus ,

Artifices et sous-entendus .

Cherche le lézard, quelque part ,

Des effluves au fond du tiroir 

Un diable est sorti du placard

Sur le métier remet l’ouvrage .

Cherche le lézard ...

Les néons sur la plage

Sous un soleil artificielle , pris du syndrome de l’étranger .

Un mauvais karma , me suit pas à pas .

Je reste un pitoyable acteur qui n’offre non ,

Jamais de fleurs ,

Païennes et Cybèle , prends ces chrysanthèmes .

L’empreinte de ton corps qui glisse et se noie ,

Dans l’ombre de ce phare fier et droit .

Il fallait une victime et surtout un coupable .

Sous les néons , sous les néons , sur la plage ...

La caméra s’est arrêtée , éternelles regrets partenaire .

Le rôle d’une vie en payer le prix .

Ton souffle s’en est allé , en suivant la marée

Sur ton coup fragile mes doigts tatoués

Pour un ultime soupir encore à partager .

Sous les néons , sous les néons , sur la plage...

Sous les néons , sous les néons , les néons... les néons...

Le grutier borgne

Et je balaie devant ma porte

Les rancoeurs en feuilles mortes

Mais cette année encore l’hiver sera précoce,

Sur les strapontins nous ne feront plus la noce !

Je n’ai pas vu ce gros nuage

Qui était juste sur mon passage.

Je reste planté là , oubliant sous l’averse

Les frimas de janvier pour les sèves de mai .

je suis comme un grutier borgne à l’horizon rétréci .

j’ai quelques graines à faire pousser

qu’avec raison j’avais gardé

de ces plantes les plus rares

que toi seule tu connais

aux parfums si précieux

qu’ils peuvent nous chavirer !

je suis comme un grutier borgne à l’horizon rétréci

mais des fleurs de ton jardin ,

moi seul sait faire les bouquets .

et je balaie devant ma porte...

L’ abîme

Des ombres qui s’agitent aux frontières des lumières ,

les couteaux se dessinent , s’insinuent se profilent ,

et le jeu devient cruel, la souffrance inhumaine .

Ebloui par les phares, lentement happé par le noir ,

je fais un pas de plus, vers l’abîme où je m’abîme ...

Le dos rasant les murs pour éviter les blessures

des trahisons intimes , statues de sel immobiles

si fragile homme de paille ,

Une allumette m’enflamme la tête .

Ebloui par les phares , lentement happé par le noir ,

je fais un pas de plus , je fais deux pas de plus ,

vers l’abîme où je m’abîme...

Sur le fil du rasoir

la peau se tend , les chairs se fendent .

Je fais un pas de plus , je fais deux pas de plus ,

Loin de l’abîme où je m’abîme...je m’abîme...

Sainte Catherine

Ta silhouette gracile échappée d’une muraille

sur l’asphalte poli cherche une flaque ,de lumière

le gaz qui se consume ,qui monte vers la lune

comme les murs d’une prison ferme les rues, efface le ciel .

ta voix et si rauque, ton souffle si las que je ne l’entends pas !

Le visage cicatrisé poudré en noir et blanc

essuies d’un revers de mains le noir de tes paupières

tes désirs calcinés .

pousse-cailloux et Raide haleine traînent prés des barrières,

trottoirs et réverbères, il reste à monnayer ,la chair offerte !

plaisirs prohibés , où sont vos gants vos chapeaux colorés.

Le teint pâle d’une carte-postale de Sainte-Catherine

tendre fille à genoux dans les Glycines

anémie une aiguille t’à piquer !

un peu de sang coule sur les fleurs artificielles

d’une carte postale ,d’une carte postale ,de Sainte-Catherine

A consumer à la flamme d’un briquet ,

autodafé brûlons tous les clichés

d’une carte postale, d’une carte postale de Sainte-Catherine

Un chat borgne la corde au coup sur ta peau tatouée,

mouvements de cils, poings sur les hanches

brûle tes dernières cartouches...

Marie coup de sabre aime les soldats.

La Cérès branle les bourgeois après confesse.

Mélie la chenille et Gobe la lune .

Peau de casimir , Afrique exotique !

D’une carte postale , d’une carte postale de Sainte Catherine...


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